A la recherche des Mulettes

Le Syndicat Mixte de Gestion des Bassins Versants de la Saye, du Galostre et du Lary a réalisé une journée d’inventaire Bivalves dans les cours d’eau du Lary et du Palais dans le cadre du Programme Régional d’Action (PRA) sur les Mulettes. La commune de La Clotte a ainsi fait partie des stations inventoriées. Cette journée de terrain s’est déroulée au côté des partenaires associatifs naturalistes référents soit la Ligue de la Protection des Oiseaux (LPO) et Nature Environnement 17. Les objectifs de cet inventaire étaient multiples : engager un partenariat technique entre le Syndicat de rivière et les partenaires référents du programme (formation sur la reconnaissance et l’identification des bivalves) et améliorer la connaissance sur les bivalves d’eau douce du territoire.

Cette acquisition de connaissance permet au quotidien à l’équipe technique du Syndicat de comprendre le fonctionnement, les interactions ainsi que l’état écologique du Lary (les populations de micro-invertébrés aquatiques filtreurs, les espèces végétales aquatiques, les peuplements piscicoles, jusqu’à la qualité de ses eaux) mais également de mieux prendre en compte ces organismes aquatiques indispensables à la bonne qualité des eaux dans les travaux d’aménagement du territoire.

La Région Nouvelle-Aquitaine est un territoire qui abrite actuellement 9 des 10 espèces de bivalves autochtones connues en France. L’enjeu de cette journée a donc été de trouver des populations vivantes d’une espèce de bivalve d’eau douce particulièrement menacée : la Mulette.

Mieux connaitre la rivière permet de mieux la protéger

Vous avez dit "Mulette" ?

Les Mulettes sont de grands mollusques d’eau douce, constitués de deux valves protectives (bivalves). Elles sont présentes dans divers milieux aquatiques d’eaux courantes à eaux stagnantes comme les rivières, les étangs ou les mares. Ce sont des organismes discrets qui vivent à l’état adulte enfouis dans les sédiments. Cette espèce est une véritable sentinelle des rivières car elle participe à la bonne qualité des eaux par ses capacités physiques filtrantes. Les Mulettes sont très sensibles aux variations physico-chimiques et représentent ainsi des réelles sentinelles des rivières.

On constate aujourd’hui une régression généralisée de leurs populations en France du fait des pressions anthropiques et de la modification de leur milieu 

  • Périodes de sécheresse sont de plus en plus fortes (manque d’eau).
  • Colmatage des rivières et travaux de curage impactant.
  • Pollution des eaux.
  • Diminution des peuplements piscicoles (hôtes pour leurs larves de bivalves).
  • Compétition avec d’autres mollusques bivalves exogènes. 
  • Effet du changement climatique.

L’ensemble des informations sont à retrouver ici : 

Comment les trouver ?

Les Mulettes sont des organismes benthiques : elles sont enfouies dans les sédiments du matelas alluvial, à demi enterrées afin de pouvoir s’alimenter en filtrant des dizaines de litres d’eau par jours, se nourrirent du phytoplancton et de matière organique. Il est donc nécessaire de s’équiper d’un matériel technique permettant de pouvoir observer le fond du lit du cours d’eau, quel qu’en soit les conditions climatiques. L’aquascope ou encore appelé bathyscope est notre meilleur allié afin de pouvoir détecter les individus vivants filtreurs. Cet appareil est une sorte de grande loupe conique constituée d’une vitre transparente en son extrémité. Elle permet de pouvoir visualiser le fond du cours d’eau sans devoir y plonger la tête.

Une fois l’appareil en place, il suffit de scruter avec attention le fond du cours d’eau afin de pouvoir détecter le siphon inhalant et exhalant de la Mulette.

Où les chercher ?

Les Mulettes n’ont pas de préférence de substrat : elles peuvent tout à fait se plaire dans des milieux lenthiques, stagnants, riches en matières organiques fines (vases, boues) ou des milieux plus courants à granulométrie variable (radier par exemple). La tâche s’avère donc parfois délicate car il n’est pas possible de cibler des tronçons de rivière spécifiques : elles peuvent être partout.

Ainsi, la technique de prospection est la suivante : prospecter d’aval vers l’amont le fond du cours d’eau (face au courant) afin d’avoir la visibilité la plus optimale. Cette prospection peut s’effectuer à pied lorsque la hauteur d’eau le permet (waders) ou en plongée (bouteille, masque et tubas) pour les hauteurs d’eau conséquentes qui ne permettent pas une prospection pédestre confortable.

Fin de la prospection

Lors de cette prospection, l’équipe n’a pas pu détecter d’individus vivants de Mulette. La diversité du substrat était pourtant prometteuse et présentait une forte probabilité pour des peuplements de bivalves. Seule, la Corbicule asiatique a été contactée (individus vivants et coquilles vides) .

Néanmoins, une coquille de Mulette méridionale ou Mulette des peintres a été trouvé. Le plus souvent, les données recueillies correspondent à des restes de coquilles d’individus morts. Ces indices de présence sont très intéressants car ils permettent d’indiquer la présence et l’installation passée des espèces (coquilles fraiches ou coquilles polies par le courant). Cela ne veut pas forcement dire que l’espèce a disparue mais qu’elle s’y est développée et potentiellement s’est reproduit dans ce milieu adapté.

  • Cette donnée constitue la première donnée de mollusque bivalve sur le bassin versant du Lary.
  • Des prospections complémentaires seront réalisées au fil des années afin de compléter la localisation et la connaissance sur ces organismes.
  • Une collection de référence sera réalisée à partir de l’ensemble des coquilles récoltées sur le terrain. 
  • Si des peuplements vivants sont répertoriés, une vigilance particulière sera accordée à leurs localisations et aux potentiels risques de dérangement (mesures de protection ou de déplacement).